Repenser l’entreprise au Collège des Bernardins – Mars 2018

Depuis 2009, un programme de recherches menées en partenariat avec Mines ParisTech se penche sur une refondation théorique de l’entreprise. Un colloque conclusif se tiendra les 16 et 17 mars prochains au Collège des Bernardins, en plein débat d’actualité.

Publié sur : Les Echos

Habitué des réflexions de fond, le Collège des Bernardins, sera, les 16 et 17 mars prochains,  totalement en phase avec le débat politique . Pour autant, le colloque conclusif du programme de recherche « Gouvernement de l’entreprise, création de commun » – qui réunit économistes, juristes, sociologues et gestionnaires d’horizons divers, mais aussi dirigeants et responsables syndicaux * -, ne surfe pas artificiellement sur l’actualité.

Refonder la théorie de l’entreprise

« Nous avons commencé les travaux, il y a neuf ans, sur des questions qui peuvent apparaître, encore aujourd’hui, à certains, assez spéculatives », explique Olivier Favereau, codirecteur, avec Baudoin Roger, du département Economie et Société du pôle de recherche du Collège des Bernardins. A l’origine du programme : un appel à contributions sur le thème « Propriété et responsabilité ». L’équipe retenue, pluridisciplinaire, a circonscrit un champ peu investi par la théorie : l’entreprise. S’en suivront, au fil des années et des recherches, deux colloques, avec un fil rouge alors très novateur : « Faut-il refonder la théorie de l’entreprise ? »

La troisième tranche de travaux présentés prochainement met en lumière des recommandations qui font écho au rapport remis, la semaine dernière,  par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard au ministre de l’Economie . L’équipe de chercheurs a d’ailleurs été sollicitée à plusieurs reprises par la mission.

Coordonné par Blanche Segrestin, professeur à l’Ecole des Mines, et Stéphane Vernac, juriste, et maître de conférences à l’université de Picardie Jules Vernes, ce séminaire 2018 analysera les enjeux théoriques et politiques de la codétermination et la mission de l’entreprise. Il doit aussi permettre d’approfondir l’examen des propositions de réforme de l’entreprise. « Le débat qui a lieu, en ce moment, autour de la définition de l’entreprise était inimaginable il y a six ans », constate Olivier Favereau. « Face à la doctrine dominante de la primauté de l’actionnaire, il existe désormais un discours d’ouverture. Dans les grandes et plus petites organisations, il y a aujourd’hui une frange éclairée qui s’intéresse à la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise et à son insertion dans la société », souligne le professeur d’économie émérite à l’université de Paris Nanterre.

Plus que  les parties prenantes – l’ensemble des acteurs en interaction avec l’entreprise -, c’est l’idée des « parties constituantes de l’entreprise », les salariés et les actionnaires, que poussent les chercheurs à l’initiative de ce séminaire. C’est l’une des idées que reprend le rapport Notat-Senard.

* Le 17 mars, Vincent Prolongeau, directeur général de Continental Foods France, Jean-Dominique Sénard, président du groupe Michelin et Philippe Varin, président du conseil d’administration d’Areva et président du Cercle de l’industrie, débattront avec Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l’UGICT CGT et François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC.