Le Collège des Bernardins donne des pistes pour réformer l’entreprise – Novembre 2018

ENTRETIEN

Un vaste programme de recherche, organisé par le Collège des Bernardins, tente de poser les bases d’un modèle alternatif à l’actionnariat.

Rencontre avec deux des principaux coordinateurs du projet : Olivier Favereau, professeur d’économie à l’Université Paris-Nanterre et Blanche Segrestin, professeur en sciences de gestion à Mines ParisTech.

Publié sur : La Croix

La Croix : Comment est né ce projet de recherche ?
Olivier Favereau : À la fin de 2008, le Collège des Bernardins a diffusé un appel d’offres, proposant de financer une équipe de recherche pour qu’elle travaille sur le thème suivant : propriété et responsabilité de l’entreprise. La thèse selon laquelle les actionnaires ne sont pas propriétaires des entreprises était déjà sur la place publique mais elle n’avait jamais été testée avec rigueur et vigueur. Cet appel d’offres était l’occasion de tirer ça au clair.
 
Qu’est-ce qui rend ce programme de recherche original ?
Blanche Segrestin : Le nombre de personnes mobilisées, d’abord : une soixantaine sur les trois cycles de trois ans. La diversité des disciplines concernées, ensuite : nous avons travaillé avec des chercheurs en économie, droit, gestion, mais aussi histoire, philosophie politique, sociologie, ­anthropologie…
O. F. : Le dispositif est également très astucieux. Être transplantés hors de nos établissements d’origine, dans cet environnement magnifique que sont les ­Bernardins, c’est stimulant et donne envie d’agir ! En outre, le cahier des charges contient une contrainte subtile mais redoutable : à la fin de chaque cycle, nos travaux étaient discutés dans un colloque universitaire, mais aussi avec des chefs d’entreprise, des syndicalistes ou des hommes politiques. Ce qui nous obligeait à nous intéresser… à des choses intéressantes. On ne mobilise pas Louis Gallois, ­Antoine ­Frérot ou Laurent Berger pour parler de l’accessoire.
 
Vous avez commencé par travailler sur la propriété de l’entreprise juste après le déclenchement de la crise de 2008…
O. F. : Oui et nos travaux ont montré que cette crise n’était pas seulement financière et économique, mais qu’elle est aussi une crise de l’entreprise.
 
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